C’est une drôle d’impression, celle de manquer d’air. Comme si les évènements se précipitaient et que personne n’était là pour les freiner, donner le temps de respirer, de se détendre. D’une crise à l’autre, l’émotion monte, les esprits de crispent, le dialogue devient impossible. Dans cette confusion générale sonne l’heure des illusionnistes, des joueurs de flûte, ceux qui rassurent avec des solutions simplistes. Ce n’est qu’une illusion… Elles se fracasseront au mur de la réalité.

À force de regarder vers les États-Unis et le risque que ferait courir Trump s’il arrivait au pouvoir en novembre,  voilà que ce sont nos élections européennes qui « font tomber les masques », selon une formule d’Emmanuel Macron. Et nous voilà dans la vieille Europe en pleine confusion. La France se déchire, avec une extrême droite ou droite nationaliste aux portes du pouvoir, plébiscitée par 30% de la population, elle noue et défait d’anciennes alliances et tente de trouver des positionnements politiques porteurs d’espoir. De leur côté les Allemands s’interrogent à longueur de colonnes pour savoir si oui ou non le chancelier Olaf Scholz est encore tenable. Le gouvernement de coalition SPD (sociaux-démocrates, Verts et Libéraux) peut-il encore se maintenir au pouvoir tandis que les conservateurs (CDU) et l’extrême droite, le parti AfD ont engrangé plus de voix que le parti du chancelier ! Nous en sommes là : les deux grands voisins, pays fondateurs de l’Europe, chancellent, le leadership franco-allemand menace de s’effondrer (1), et à moins d’un sursaut salutaire, les fondements de la maison Europe se retrouvent chahutés. Que pensent au loin, dans leurs tranchées, ces soldats ukrainiens qui meurent pour avoir droit d’y entrer et les manifestants de Géorgie qui refusent l’emprise russe ? Et Poutine lui, il sable le champagne en ricanant ?

Contre les illusions : voter

Alors, que fait-on devant le désastre politique qui s’étale sous nos yeux ? Eviter la confusion, se garder des illusions.  Les émotions sont en effet débridées, de la peur à la colère, en passant par la haine et l’anathème, elles envahissent le discours politique, et deviennent à elles seules le moteur de l’action, sans plus de raisonnement. D’habiles manipulateurs ou provocateurs qu’ils soient à l’extérieur comme en Russie, en Azerbaïdjan (voire les cercueils à la Tour Eiffel) ou ailleurs mais aussi à l’intérieur – rappelons-nous des violences durant les manifestations d’agriculteurs – sont à la manœuvre et jettent de l’huile sur le feu. La fake information, celle qui ne s’appuie pas sur des faits mais sur des émotions, qui est donc réversible comme une vulgaire parka sévit allègrement dans l’espace public et les réseaux sociaux. Les volte-face (pour le Frexit/contre le frexit, la réforme des retraites etc…), les approximations ou contre-vérité sont sans importance puisqu’il s’agit avant tout d’en appeler aux émotions. C’est le temps des promesses creuses et des illusions. Les commentateurs politiques et les analystes se démènent sur tous les canaux d’information, du matin au soir, au risque de saturer un peu plus l’atmosphère, pour essayer de donner du sens au rythme effréné des nouvelles. Alors à nous de garder la tête froide pour donner du sens « au bruit et à la fureur ». Et surtout ne pas commettre l’erreur de ces jeunes Anglais qui se sont réveillés un beau matin avec le Brexit qu’ils n’avaient pas voulu voir venir. Allons voter !!

Mon cosy-polar pour s’évader

Il n’empêche que l’équilibre mental de nombreux d’entre nous – en particulier des jeunes – a été malmené par la crise du Covid, le stress de la guerre en Ukraine et à Gaza (visiblement les morts du Soudan émeuvent moins !) et celui de la politique conflictuelle et chaotique actuelle. Faite de coups bas et de calculs d’appareils, mais aussi parfois d’élans généreux, elle épuise néanmoins. Pourtant il existe des solutions pour se ressourcer : le sport, celui que l’on pratique mais aussi son spectacle, l’Euro de foot en Allemagne, les JO de Paris. Et avant tout l’évasion littéraire ! Et à ce propos je vous annonce la parution prochaine en numérique de mon cosy-polar intitulé Silence de mort dans le Golfe. On y hume l’air de la mer et on y déguste des huîtres mais qu’on ne s’y trompe pas, la Petite Mer et ses marées langoureuses cache bien ses secrets. Allez, courage, le temps des transats et des romans arrive…

(1) Tribune de Alexandra de Hoop Scheffer, politiste « Macron prend le risque d’isoler la France en Europe ». Le Monde 14.06.2024

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