Histoire, littérature et livres sous le sapin

La « trêve de Noël » ou « trêve des confiseurs » que même des soldats de la guerre de 14 – Français et Allemands – ont respectée un court moment, met une pause à l’effervescence et la fébrilité de nos activités. Et pourquoi ne pas profiter de ce temps suspendu pour se plonger dans des ouvrages qui évoquent l’histoire justement ? Le livre est un des cadeaux favoris. Voici quelques suggestions…

Puisqu'il faut partir, un roman pour les amateurs d'histoire, de romanesque et de suspense....
Evasion et Histoire/EC

Tout d’abord un roman que certains lecteurs connaissent sans doute, puisqu’il s’agit de Puisqu’il faut partir (Ed. Complicités). Il évoque la saga d’une famille franco-allemande, les Beck, et notamment le héros Dominik, qui quittent la Lorraine en 1789 et repartent dans leur village allemand d’origine. La révolution est sur leurs talons, les troupes déguenillées des sans-culottes, puis celles de Napoléon occupent leur village en Hesse rhénane. Sauront-ils survivre aux tribulations des guerres révolutionnaires, peut-être même tirer quelque profit de cette présence française ? Et quel sera l’horizon des nouvelles générations ? L’émigration, celle des « petites gens » est le thème de ce roman, mon premier ouvrage, qui, je l’espère, saura vous captiver…

Puisqu’il faut partir (Ed. Complicités) 19€ (sur Amazon pour les résidents à l’étranger).

Imbrication des destins

La littérature n’est pas là uniquement pour « distraire » faisait remarquer l’écrivain Emmanuel Carrère dans l’émission La Grande Librairie (1). Elle a aussi comme ambition de creuser un sujet, d’aller au fond des choses. Florian Illies, journaliste allemand et écrivain, a choisi, lui, d’évoquer à l’inverse les grands personnages de l’Histoire pour peindre sa fresque intitulée 1913-Chronique d’un monde disparu (1913 Der Sommer des Jahrhunderts-Fischer Taschenbibliothek). Avec virtuosité, il peint des scènes mi-réelles, mi-imaginaires comme celle qui se déroule dans le parc de Schönbrunn à Vienne en janvier de l’année 1913. Un certain Joseph Staline, envoyé dans la capitale autrichienne par Lénine pour y écrire son exposé intitulé le marxisme et la question nationale, vient s’y dégourdir les jambes. Il est logé clandestinement pour quatre semaines. Jamais plus il ne restera aussi longtemps à l’étranger, précise Florian Illies à son lecteur. Et il poursuit la scène : dans le parc silencieux, un autre personnage croise le chemin du promeneur clandestin russe, un inconnu de 23 ans, un peintre auquel l’Académie vient de refuser l’entrée. Son nom : Adolf Hitler.  Peut-être se sont-ils salués de loin, comme c’est la coutume à l’époque, d’un coup de chapeau, imagine Florian Illies. Et dans ce même parc silencieux, seule animation, le passage rituel, une fois par jour, du très vieil empereur d’Autriche François-Joseph Ie dans son carrosse vert foncé qui se dirige vers le palais de la Hofburg.  Avec habileté, Florian Illies entremêle le destin de ces personnages historiques que nous connaissons bien… Les acteurs sont prêts à prendre leur rôle, tandis qu’une époque va disparaitre. Mais ils doivent encore attendre. 1913 déroule ses fastes, Proust écrit A la recherche du temps perdu , Freud bataille avec son disciple C.G.Jung et Coco Chanel développe sa petite boutique de chapeaux, tandis que Max Beckmann, nous rappelle Florian Illies, termine son tableau « Le naufrage du Titanic ». Un livre à mi-chemin entre l’histoire et la fiction paru il y a quelque temps déjà, mais à recommander chaudement.

 1913-Chronique d’un monde disparu (Piranha Editions) 20€

Un émigré, fondateur de la maison Hermès

Et pour terminer, un ouvrage qui se situe clairement du côté de la documentation historique : la monographie de Pierre Sommet intitulée Sur les traces de Thierry Hermès (Ed. Complicités). Un ouvrage que nous avons déjà évoqué à Notices d’Allemagne. En s’appuyant sur des sources généalogiques, des témoignages et de nombreuses illustrations, l’auteur qui vit en Allemagne dans la ville de Krefeld, nous présente le parcours de « l’audacieux émigrant », Thierry Hermès, jeune sellier allemand, né dans cette ville en 1801 qui part pour Paris avec comme seul viatique son savoir-faire artisanal de très haute qualité. Il est le fondateur en 1837 de la prestigieuse maison Hermès qui défraye aujourd’hui la chronique.(2) Thierry Hermès est un représentant exceptionnel de ces artisans allemands renommés à l’époque et qui ont émigré aux quatre coins de l’Europe et de l’Amérique, comme d’ailleurs dans la famille Beck.

Sur les traces de Thierry Hermès (Ed. Complicités) 18€

Avant de conclure, je précise que cette sélection est personnelle et qu’il ne s’agit pas de livres forcément parus dans l’année. La littérature, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer l’histoire, est intemporelle. Elle doit le rester.

Copyright EC

(1)La Grande Librairie 13 décembre 2023

(2)Arriere petit-fils de Thierry Hermès, Nicolas Puech, est « le plus gros actionnaire individuel d’Hermès », selon la Tribune de Genève, avec une participation d’environ 5,7%. Octogénaire, il veut léguer sa fortune, soit environ 9 milliards d’euros, à son jardinier en l’adoptant, explique le magazine économique Challenges. Il serait sous emprise. Précisons tout de même que Thierry Hermès le fondateur, aurait quelques 70 descendants !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.