Le chardonneret élégant, un végétarien qui gagne

Un oiseau à protéger (photo Pixbay)
Durant la pandémie nombre de Français ont pris la plume. Du côté allemand, beaucoup se sont livrés au comptage des oiseaux de leurs jardins. La participation à cette campagne était record durant le premier confinement, l’année dernière. Et, cette année, l’engouement s’est maintenu, comme le note avec satisfaction le NABU, (Naturschutzbund Deutschland e.V.), organisateur de cette campagne. Un oiseau semble le grand gagnant de ce comptage de printemps : le chardonneret élégant…
Plus de 3,1 millions d’oiseaux ont été recensés cette année. Et quelques 140 000 personnes ont participé, malgré la pluie et le mauvais temps, à l’action « L’heure des oiseaux de jardin » qui s’est déroulée du 13 au 16 mai dernier. « La crise du Corona, note Leif Miller, secrétaire général de l’association de défense de l’environnement allemande NABU, a changé notre manière de voir les choses. Cet intérêt grandissant et le plaisir de la diversité juste devant sa porte est très bénéfique pour la nature. » Le résultat ? Il ressemble plutôt à une bonne nouvelle : 95 000 jardins et parcs ont été recensés cette année. Et on a pu découvrir nettement plus d’espèces d’oiseaux que l‘année passée (33 individus de 11 espèces différentes par jardin).

Un oiseau des grands espaces : le martinet noir
Certaines d’entre elles pourtant sont moins en forme que d’autres, comme le martinet noir. Ce petit oiseau athlétique, grand migrateur, a une nidification liée à nos habitats. Il est donc particulièrement menacé par les rénovations des bâtiments ou par les constructions modernes qui ne lui laissent aucune anfractuosité où s’installer. Le changement climatique a également un impact sur les migrations complexes de cet oiseau entre l’Afrique et l’Europe. L’hirondelle de fenêtre, le rougequeue noire, un petit passereau migratoire ou la fauvette à tête noire affichent également des résultats aussi mauvais que l’année passée. Ce sont tous des oiseaux en grande difficulté car ils se nourrissent exclusivement d’insectes dont le nombre a considérablement diminué. Le NABU recommande de laisser dans son jardin des coins avec des plantes sauvages qui attirent les insectes…
Signes d’espoir
Mais revenons aux résultats positifs : la mésange bleue qui avait été attaquée au printemps dernier par une bactérie, Suttonella ornithocola ce qui l’avait décimée dans certaines régions d’Allemagne, semble se remettre.
Et puis surtout, le vainqueur : c’est un très joli oiseau, le chardonneret élégant, grand amateur de chardons, comme son nom l’indique. Célébré par les peintres italiens, dans de nombreux tableaux à la Madone, le comptage du NABU l’a recensé dans 16 pour cent de tous les jardins. Un taux deux fois plus élevé qu’au début de ces recensements. Il est d’ailleurs sur la liste rouge des espèces menacées, ce qui semble l’avoir protégé. Pour les experts de l’organisation de défense de l’environnement, néanmoins, la raison de son succès – c’est-à-dire de sa survie – est sa particularité : c’est un des très rares oiseaux chanteurs granivore, c’est à dire qu’il nourrit ses oisillons non pas avec des insectes, mais de manière végétale. Et la « recette » s’applique aussi au le pigeon ramier, au bouvreuil pivoine et au gros-bec casse-noyaux, qui tous font de bons scores.
« Regardez les oiseaux du ciel », peut-on déjà lire dans l’Evangile. Un régime alimentaire plus végétarien ? Peut-être un exemple à méditer pour notre propre survie…
Pour aller plus loin : NABU – Naturschutzbund Deutschland http://www.nabu.de
Un site bien informé sur les thèmes environnementaux : http://www.greenspotting.de