Des électeurs rompus à la tactique

Ça y est, nous voici dans l’ultime ligne droite avant l’élection allemande ! Inutile de dire que la nervosité s’accroît, la campagne soporifique a pris des allures de match de boxe. Tout indique à priori que la chancelière sera la gagnante. Mais la question sensible est de savoir quel parti arrivera en 3ème place. Les électeurs allemands ont le choix le parti libéral FdP, les Verts ou l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) à l’extrême-droite. Essayons de nous y retrouver…

En fait il faut être assez calé pour voter en Allemagne. En effet, sur le « Stimmzettel », le bulletin de vote, ne figure pas un seul nom, comme en France. Non, il y a 2 colonnes, l’une pour le député du Wahlkreis (la circonscription) et l’autre pour la liste locale d’un parti. Pour nous résumer, un électeur allemand ne voit pas forcément figurer sur son bulletin de vote le nom d’Angela Merkel ou de Martin Schulz bref, des principaux challengers, à moins qu’ils ne soient justement candidats dans sa région. Vu de France, c’est assez compliqué mais les électeurs ont l’air de s’y retrouver. Mieux encore, ils se livrent à des stratégies.

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Le pays d’Angela Merkel ressemble à un conte de fées : tout va bien! Photo EC

La conséquence est qu’à l’heure actuelle personne ne peut savoir ce qui va sortir des urnes. Certes Angela Merkel a toutes les chances de l’emporter mais elle sera chancelière et non pas présidente. Autrement dit il lui faudra mettre sur pied une coalition. Son véritable pouvoir politique dépendra justement de l’alliance qui verra le jour. Les électeurs allemands le savent très bien et leur vote est souvent dicté par des calculs stratégiques. Une directrice d’édition me confiait sans ambages : « pour moi c’est clair, ma deuxième voix va au FDP pour faire barrage à l’AfD. ». Je vous traduis : cette électrice, par tactique, préfère donner sa voix à la liste du parti libéral, devant la montée annoncée du parti populiste de l’extrême droite. S’il faut en croire les derniers sondages, l’AfD pourrait atteindre les 11% , c’est à dire non seulement entrer au Bundestag mais encore être la troisième force politique. Ce serait une sorte de tremblement de terre.

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Sociaux démocrates (SPD) ou Libéraux (FdP) pour la future coalition?

Pour Emmanuel Macron qui veut réorienter la politique européenne et redonner du poids à la France et aux pays du sud, la meilleur constellation serait la poursuite de la « GroKo », (la grande coalition) qui gouverne actuellement. Les sociaux-démocrates sont largement acquis aux propositions du Président français. Les responsables politiques comme l’actuel ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel ou le candidat Martin Schulz le connaissent personnellement et lui ont donné des assurances. D’après les derniers sondages, cette coalition obtiendrait 58% des intentions de vote (source Trend Research Hamburg/INSA)

Mais pour le SPD, cette option n’a rien de réjouissant. Le parti est en perte de vitesse dans les sondages (il a dévissé de 24% à 22%). Les mesures sociales qu’il a réussi à imposer lorsqu’il était au gouvernement (comme le salaire minimum) sont finalement mises au crédit de la chancelière. Martin Schulz avoue que le parti de la chancelière, la CDU ne semble pas avoir envie de reconduire ce duo et les sociaux-démocrates pas vraiment non-plus.

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Les Verts dans une coalition Jamaique?

Un responsable du parti a même déclaré à la TV qu’au sein des militants sociaux-démocrates la grande coalition était aussi appréciée « qu’une mycose » ! C’est dire…C’est pourtant aujourd’hui l’option la plus vraisemblable.

Néanmoins, si les sociaux-démocrates préféraient retourner dans l’opposition, alors une autre option s’imposerait à Angela Merkel, la coalition dite « Jamaique », – à cause de ses couleurs. Elle rassemblerait des conservateurs de la CDU (noirs), des libéraux du FDP (leur couleur est le jaune) et des Verts (les écolos, de couleur verte bien sur) A eux trois, ils rassembleraient 61% des voix, d’après les derniers sondages. Seul ennui, les points de différence entre Libéraux et Verts sont assez nombreux, notamment en ce qui concerne la politique vis à vis des réfugiés. Vu de Paris ce n’est certainement pas la meilleure option car le FDP qui lorgne sur le poste de ministre des finances, n’a guère de sympathie pour la politique de sauvetage de l’euro en faveur des pays du sud, jugés incapables de se réformer et n’est certainement pas prêt à éponger leurs dettes. La chancelière devra alors, elle aussi, comme les électeurs, se montrer bonne tacticienne pour faire accepter une réforme de l’Europe.

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